Santé physique et mentale

La 5G accentuera deux scandales sanitaires en cours.

La 5G nous est présentée comme indispensable, sans débat de société préalable. Pour favoriser son déploiement, un étouffoir est posé sur les problèmes sanitaires des technologies sans fil, utilisant des rayonnements électromagnétiques dans la gamme des micro-ondes.

Depuis le déploiement du sans-fil, dans les années 1990, des personnes se plaignent de l’apparition de différents symptômes au contact des téléphones portables et des antennes nécessaires à leur fonctionnement. Ces symptômes ont été décrits en 2006 dans la définition par l’Organisation moniale de la santé d’un « Syndrome des micro-ondes ». « Elle comprend des symptômes exprimés par le système nerveux comme les maux de tête, la fatigue, le stress, les troubles du sommeil, des symptômes cutanés comme des picotements, des sensations de brûlure, des démangeaisons, des douleurs et des crampes musculaires ainsi que beaucoup d’autres problèmes de santé. » [1] Les personnes en souffrance y sont décrites comme « électro-hypersensibles » (EHS), car en réalité chaque être humain peut être caractérisé d’électrosensible, le cerveau humain émettant par exemple des signaux électriques. Le nombre de personnes touchées augmente depuis sans cesse, avec un bond lors de chaque passage à une nouvelle génération de téléphonie mobile. Il s’agit là du premier scandale sanitaire, celui de personnes, aujourd’hui et maintenant, incapables d’encore vivre normalement au contact de ces rayonnements omniprésents, car un évitement (devenu impossible complètement) est obligatoire pour ces personnes. Il en résulte des parcours de vie détruits, imposant des déménagements en chaîne, des arrêts de travail, etc. Et surtout une souffrance physique au quotidien.

Chiffrer le nombre de personnes touchées en Belgique est très compliqué, en raison notamment du manque de prise en considération de ce problème par les autorités sanitaires. En conséquence, en outre, des individus sont sans doute touché dans leur corps mais, faute d’information, n’identifie pas la source de leurs symptômes et ne peuvent tenter de se protéger. En France, une enquête a été réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), un établissement public placé sous la tutelle des ministères chargés de la Santé, de l’Agriculture, de l’Environnement, du Travail et de la Consommation. L’agence annonce ses intentions comme suit : « Dans un contexte de controverse, aussi bien dans les milieux scientifiques que dans le débat public, l’Anses a décidé d’accorder à la question de l’hypersensibilité électromagnétique (EHS) ou intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques (IEI-CEM) - les deux expressions désignent le même sujet -, toute l’attention qu’elle mérite en lui consacrant une expertise spécifique et approfondie. » La conclusion de cette enquête est plus qu’inquiétante, car « les études récentes portant sur la période 2008-2013 semblent indiquer que le pourcentage de personnes se déclarant EHS s’est stabilisé autour d’une valeur médiane de l’ordre de 5 %. » [2] En rapportant ce pourcentage à l’échelle de la population belge, en 2019 nous arrivons au nombre de : 573.000 individus.

Le second scandale sanitaire tient en l’augmentation de nombreuses pathologies, par les effets biologiques des micro-ondes sur les organismes vivants. D’innombrables études scientifiques décrivent les effets des rayonnements électromagnétiques sur le vivant, saisis régulièrement lors d’appels à la prudence par des scientifiques ou des professionnels de la santé. [3] Ces études et alertes scientifiques font face à un lobbying industriel intense. L’industrie, notamment, n’hésite pas à financer et à faire réaliser des études contradictoires pour pouvoir continuer à « noyer le poisson ».

Le sujet peut sembler éminemment compliqué pour le commun des mortels. Heureusement d’excellentes synthèses et vulgarisations existent. Outre les sites présentés à la fin de ce document, nous attirons ici l’attention sur l’initiative menée par l’association bruxelloise Ondes.brussels. Elle présente régulièrement des rapports d’analyse de l’état des connaissances sur les effets biologiques des technologies sans fil, chacun des rapports comprend de nombreuses références scientifiques, des descriptions et liens vers les études démontrant - entre autres choses - les effets génétiques des micro-ondes, leur influence sur l’apparition de cancers, sur les maladies neurodégénératives, sur les affections cérébrales, leurs effets sur la reproduction et le développement embryonnaire, leurs effets négatifs sur les systèmes neuronal, circulatoire, immunitaire, endocrinien et squelettique… Et, bien entendu, sur l’électro-hypersensibilité. Comme l’association le signale, les listes reproduites dans les rapports « sont loin d’être exhaustives mais elles donnent une idée de l’abondance de la littérature scientifique qui documentent des effets non thermiques sur la santé. La réalité est que les publications scientifiques documentant de tels effets se comptent par milliers. »

Au sous-titre du dernier rapport, datant de juin 2020 : « De la nécessité d’évaluer les risques à l’écart de l’influence de l’industrie, en tenant compte des connaissances scientifiques interdisciplinaires et actualisées, du retour d’expérience de terrain et des alertes précoces », nous ajouterons la citation placée au début du texte, émanant du Conseil Supérieur de la Santé en mai 2019 : « L’élaboration de politiques implique d’écouter les citoyens concernés, les experts de terrain, les parties prenantes, les organisations de la société civile. » (Avis n° 9404) [4]

On nous dit souvent que les pathologies sont « multifactorielles », que l’effet des rayonnements est difficile à isoler, que l’épidémiologie va devoir se prononcer, c’est à dire évaluer dans le temps les augmentations statistiques des pathologies au contact des produits. Il sera alors trop tard, c’est pour cette raison que de nombreux scientifiques promeuvent vivement d’appliquer le principe de précaution, considérant que suffisamment d’éléments sont en place pour ce faire. Ne prenons qu’un exemple, celui du nombres de nouveaux cas de glioblastomes, des tumeurs très agressives du cerveau. L’agence nationale de santé publique française a identifié pour ces trente dernières années une multiplication du nombre annuel de ceux-ci par quatre. L’analyse des tendances montre une augmentation quels que soient l’âge et le sexe. Même si cette augmentation est probablement « multifactorielle », l’agence signale que « les dernières études épidémiologiques et les expérimentations animales seraient en faveur du rôle carcinogène des expositions aux champs électromagnétiques » [5].

Enfin, le passage à une technologie qui augmentera encore l’« hyper-connexion » des personnes, ne peut qu’augmenter les effets néfastes sur la santé sociale et mentale déjà bien connus (addiction, stress, mal-être…), mais pourtant si peu discutés et très négligés par les politiques publiques.


[1« Electromagnetic Hypersensitivity, Proceedings International Workshop on EMF Hypersensitivity », Prague, Czech Republic, October 25-27, 2004. Editors Kjell Hansson Mild, Mike Repacholi, Emilie van Deventer, Paolo Ravazzani, WHO (Organisation mondiale de la santé), 2006.

[2« Hypersensibilité électromagnétique ou intolérance environnementale idiopathique attribuée aux champs électromagnétiques », Rapport d’expertise scientifique, Anses, Mars 2018, page 1.

[3Nous conseillons la lecture de l’appel de plus de 500 médecins belges, « A l’aube du déploiement de la 5G, des professionnels de la santé belges sonnent l’alerte », à cette adresse :
https://www.hippocrates-electrosmog-appeal.be/appel

[4« Télécommunication sans fil et Santé : vingt éclaircissements pour ne pas voler à l’aveugle », Ondes.brussels, juin 2020.

[5« Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018. Volume 1 », Agence nationale de santé publique française, juillet 2019. Disponible à partir du site : https://www.santepubliquefrance.fr

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