Qu’est-ce que la 5G ?
La 5G est la cinquième génération du haut débit mobile.
D’après Proximus, voici ce qu’est la 5G : « Avec des vitesses jusqu’à 10 fois supérieures à celles de la 4G, la 5G permettra de naviguer sur le web mobile beaucoup plus rapidement qu’aujourd’hui. Avec des débits pouvant atteindre jusqu’à plusieurs Gb/sec, la 5G est une alternative possible à la fibre optique dans les zones où celle-ci ne pourra pas être déployée. Mais, surtout, c’est la latence qui sera réduite de manière spectaculaire (théoriquement, de 10 à 1 millième de seconde). La latence, c’est le temps de réaction entre 2 appareils pour communiquer entre eux. Autant dire qu’avec la 5G, la latence sera proche de zéro. » [1]
Ainsi, la technologie 5G fait appel à diverses bandes de fréquences, dont des ondes millimétriques : 700 MHz (anciennement dévolue à la télévision hertzienne, aujourd’hui remplacée par la télévision numérique), 2,1 GHz (aussi pour la 3G et la 4G, utilisée par Proximus), 3,6 GHz et 26 GHz. L’augmentation de la fréquence (= petites longueurs d’onde) permet d’augmenter le débit. Mais en même temps, la portée des ondes est diminuée et les hautes fréquences franchissent plus difficilement les obstacles (murs, feuilles d’arbre, etc.). Pour augmenter le débit, il faut alors multiplier les antennes. Une autre innovation technique permet aux antennes 5G (dans les bandes 3,6 GHz et au-delà) de repérer précisément les différents objets mobiles avec lesquels elles communiquent et de concentrer le signal dans leur direction.
D’où vient la 5G ?
Après la 1G analogique dans les années 80, la 2G numérique et l’arrivée d’internet dans les années 1990, la 3G et les premiers smartphones dans les années 2000, la 4G dans les années 2010, la 5ᵉ génération de réseau mobile nous est présentée depuis plusieurs années comme une nouvelle technologie inévitable et indispensable en 2020… avant la 6G (?), suivant le principe qu’il s’agirait là d’une évolution « logique ». Or, son imposition est plus parsemée d’embûches que ce que les industriels et certains politiques imaginaient… à la hauteur des craintes bien fondées autour de la 5G.
Après des annonces et des premiers tests de la 5G dès 2014 dans différentes parties du monde dont en Chine, un calendrier commun et un plan d’action furent élaborés par la Commission européenne en 2016 dans un climat de peur d’être « à la traine ». Son projet ? Lancer la 5G dans une grande ville par État membre dans le courant en 2020 (Bruxelles fut annoncée pour la Belgique), afin de la développer ensuite dans les autres zones urbaines et principaux axes de transport en 2025. En 2017, les ministres des télécommunications de l’Union européenne ont signé une déclaration d’intention confirmant la volonté des États signataires de se positionner comme leader du marché de la 5G. Les tests se sont accélérés chez nous mais aussi aux USA, grand concurrent industriel de la Chine. Ces deux derniers pays, ainsi que le Japon et la Corée du Sud ont commencé à accumuler les premiers abonnés 5G. L’attribution des licences pour les fréquences a rapidement débuté hors Europe ainsi que différentes exploitations commerciales. En janvier 2020, l’UE a accepté malgré la pression des USA que le géant chinois des télécoms Huawei développe la 5G sous certaines conditions non-contraignantes pour assurer la sécurité des réseaux. En parallèle de cette bataille commerciale, de nombreuses associations et recherches ont dénoncé les impacts environnementaux, énergétiques, les dangers possibles et surtout le non-respect du principe de précaution. En Europe, l’Allemagne et l’Angleterre semblaient vouloir être les premiers à développer leur couverture.
En Belgique ?
La mise aux enchères par le gouvernement fédéral des bandes de fréquence auprès des différents opérateurs intéressés fut à plusieurs reprises retardée, tout comme le furent les discussions autour des normes sur les puissances d’émission, différentes d’une région à l’autre (la réglementation bruxelloise est la plus stricte). Des tests ont été réalisés en Flandre en 2019 puis, en plein premier confinement en avril 2020, Proximus a annoncé et lancé le déploiement d’une « 5G-light » dans 30 communes belges (hors Bruxelles). L’opérateur s’est ensuite rétracté dans plusieurs communes wallonnes suite à des protestations citoyennes et un manque de concertation dénoncée par certains pouvoirs locaux. En effet, plus d’une vingtaine de communes, dont certaines bruxelloises, ont exigé des suspensions, moratoires, consultations citoyennes, débats et enquêtes publiques quant au déploiement de la 5G (LIEN vers la page où on parle de cela).
En juillet 2020, le gouvernement bruxellois a informé qu’il déposera des textes avant juin 2021 pour encadrer la problématique de la 5G après un large débat parlementaire. Il a également approuvé la création d’une plateforme de coordination bruxelloise sur les conditions de déploiement de la 5G et la création de quatre groupes de travail autour de cette problématique. Depuis janvier 2021, à l’initiative du Parlement bruxellois, une commission délibérative mixte [2] parlementaire/citoyenne se penche sur la question de la 5G (15 élus et 45 citoyens tirés au sort, au moins pour une partie des débats). Les recommandations seront remises mi-2021 au Parlement. Belle initiative mais attention cependant à la manière d’aborder la question et à ce que les dés ne soient pas pipés d’avance en insinuant que la 5G doit être développée d’une manière ou d’une autre.
Conformément à la Déclaration de Politique Régionale 2019-2024, début 2021, à la demande du gouvernement wallon, un groupe de 13 chercheur·se·s, scientifiques et académiques, (à l’exception d’Olivier de Wasseige, administrateur délégué de l’Union wallonne des entreprises) a remis un premier rapport d’expertise au Parlement d’évaluation du déploiement de la 5G sur l’environnement, la santé, l’efficacité économique, la sécurité des données et le respect de la vie privée. Sous une impression d’accord global pro-5G, on y constate de nombreux soucis dans le fonctionnement de ce groupe, deux « notes minoritaires » pour la partie santé ainsi que quatre « notes de réserves » dans les conclusions générales. Pas de quoi rassurer les citoyen·ne·s wallon·ne·s ni pousser, on l’espère, le gouvernement à développer la 5G.
Cependant, au même moment, malgré des consultations publiques très critiques, l’Institut belge des services postaux et des télécommunications octroie des droits provisoires d’utilisation 5G, vu l’absence d’accord entre le Fédéral et les Régions sur l’attribution des nouvelles bandes de fréquences, à 5 opérateurs sur le territoire belge : Proximus, Telenet-Base, Cegeka, Entropia et Orange. Les critiques sur la 5G continuent de pleuvoir, y compris parmi les employé·e·s de ce dernier opérateur. En septembre 2020, un document consulté par le média américain Bloomberg rapporte qu’un millier de travailleur·euse·s ont demandé aux dirigeants de cette entreprise d’en stopper le déploiement. [3] À ce jour, il n’est pas sûr que la 5G soit « rentable » pour les opérateurs. Mais comme ceux-ci ont investi dans l’achat des bandes de fréquences, ils sont poussés à développer rapidement le nouveau réseau d’antennes.
Du côté flamand, fin de l’année 2020, Proximus y a activé la technologie 5G, vu les normes moins strictes.
A quoi pourrait servir la 5G ?
On peut identifier trois types d’usagers : les entreprises, les villes et communes, et les individus. Pour les entreprises, l’augmentation du débit et la diminution de la latence permettront le développement de diverses applications : robotisation des chaînes de production, automatisation de la logistique, réalité augmentée, multiplication des capteurs et big data, etc. Certaines villes et communes pourraient être tentée de s’embarquer dans des projets de « smart cities », assez flous à ce stade hormis la télésurveillance, car la 5G permettra le déploiement de caméras haute définition à moindre coût. Les individus auront accès à des téléchargements rapides, à du gaming mobile, à des visioconférences fluides, à des objets connectés… Les opérateurs arguent de la saturation prochaine des réseaux 4G dans les centres urbains denses pour déployer la 5G. Notons que les voitures à conduite assistée ne se déploieraient qu’avec la bande de 26 GHz et qu’un standard concurrent (sans 5G) est également à l’étude.
Quand on analyse les usages et qu’on discute avec les entreprises qui estiment avoir besoin de la 5G, on trouve assez vite que la 5G n’est pas nécessaire, qu’il existe généralement une alternative : réseau filaire, réseau mobile local, sobriété des usages. Ainsi la télémédecine ne requiert pas un réseau mobile mais un débit suffisant qui peut être assuré de manière filaire ou par la 4G. Quant aux emplois que la 5G créerait, ils sont loin d’être évidents et ils doivent être mis en balance avec les emplois détruits par l’automatisation par exemple. Au-delà d’une critique sur cette hyper-réactivité pour nous non-nécessaire, la 5G est loin d’être indispensable pour mieux communiquer, y compris dans les secteurs mentionnés, nous allons le voir à travers ce site web. Les impacts négatifs de cette technologie sont minimisés, cachés voire détournés par les industriels et certains politiques. De manière générale la 5G pose la question de la société dans laquelle nous voulons vivre.
[1] https://www.proximus.be/support/fr/id_sfaql_5g_global_me_cor/entreprises-et-secteur-public/support/telephonie-mobile/gsm-et-carte-sim/configurez-votre-gsm/questions-frequentes-sur-la-5g.html
[2] http://www.parlement.brussels/premieres-commissions-deliberatives-seront-installees-avril-juin/